Une faible réponse immunitaire à deux doses de vaccin contre le coronavirus 2 du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS-CoV-2) a été observée chez les receveurs de greffes d'organes solides.1,2 Des cas graves de maladie à coronavirus 2019 (Covid-19) ont également été ont été rapportés chez des receveurs de greffe qui avaient reçu deux doses de vaccin.3 Ces rapports ont incité l'Autorité nationale de santé française à recommander l'utilisation d'une troisième dose chez les patients immunodéprimés.4 Nous rapportons ici la réponse humorale dans un groupe de 101 -les receveurs de greffes d'organes (moyenne [±SD] âge, 58±2 ans ; 69 % étaient des hommes) qui ont reçu trois doses du vaccin à ARN messager BNT162b2 (Pfizer-BioNTech). Le groupe comprenait 78 receveurs de greffe de rein, 12 receveurs de greffe de foie, 8 receveurs de transplantation pulmonaire ou cardiaque et 3 receveurs de greffe de pancréas. Les deux premières doses ont été administrées à 1 mois d'intervalle et la troisième dose a été administrée 61 ± 1 jours après la deuxième dose. Le délai entre la transplantation et le début de la vaccination était de 97 ± 8 mois. L'immunosuppression était due à l'utilisation de glucocorticoïdes (chez 87 % des patients), d'inhibiteurs de la calcineurine (chez 79 % des patients), d'acide mycophénolique (chez 63 % des patients), de cibles mammifères des inhibiteurs de la rapamycine (chez 30 % des patients) et bélatacept (chez 12 % des patients). Les niveaux d'anticorps dirigés contre la protéine de pointe du SRAS-CoV-2 ont été évalués chez tous les patients à l'aide du dosage immuno-enzymatique de Wantai (Beijing Wantai Biological Pharmacy Enterprise).5 Les titres d'anticorps sont exprimés comme le rapport du signal de l'échantillon sur un signal de coupure assigné par le calibrateur (le rapport signal/coupure). Selon la loi française, comme il s'agissait d'une étude rétrospective anonyme, l'approbation du comité d'examen institutionnel n'était pas requise.

Figure 1. Figure 1. Immunogénicité. Le panneau A montre la prévalence des anticorps anti-coronavirus 2 du syndrome respiratoire aigu sévère (SARS-CoV-2) avant et après la vaccination dans la population étudiée. Le panneau B montre les titres d'anticorps anti-SARS-CoV-2 avant et après la vaccination dans la population étudiée.

Trois doses d'un vaccin à ARNm Covid-19 chez des receveurs de greffes d'organes solides

La prévalence des anticorps anti-SARS-CoV-2 était de 0% (intervalle de confiance à 95% [CI], 0 à 4; 0 des 101 patients) avant la première dose, 4 % (IC à 95 %, 1 à 10 ; 4 des 101 patients) avant la deuxième dose, 40 % (IC à 95 %, 31 à 51 ; 40 des 99 patients) avant la troisième et 68 % (IC à 95 %  : 58 à 77 ; 67 patients sur 99) 4 semaines après la troisième dose (Figure 1). Parmi les 59 patients qui avaient été séronégatifs avant la troisième dose, 26 (44 %) étaient séropositifs à 4 semaines après la troisième dose (moyenne [±SD] rapport signal/coupure, 690 ± 293). Les 40 patients qui avaient été séropositifs avant la troisième dose étaient toujours séropositifs 4 semaines plus tard ; leurs titres d'anticorps ont augmenté de 36 ± 12 avant la troisième dose à 2676 ± 350 1 mois après la troisième dose (P < 0,001). Les patients qui n'ont pas eu de réponse en anticorps étaient plus âgés, avaient un degré d'immunosuppression plus élevé et un taux de filtration glomérulaire estimé inférieur à celui des patients qui ont eu une réponse en anticorps (voir l'annexe supplémentaire, disponible avec le texte intégral de cette lettre au NEJM. org). Au moment d'écrire ces lignes, Covid-19 ne s'était développé chez aucun des patients après avoir reçu les trois doses de vaccin. Aucun événement indésirable grave n'a été signalé après l'administration de la troisième dose et aucun épisode de rejet aigu n'est survenu. Cette étude a montré que l'administration d'une troisième dose du vaccin BNT162b2 à des receveurs de greffe d'organe solide améliorait considérablement l'immunogénicité du vaccin, aucun cas de Covid-19 n'ayant été signalé chez aucun des patients. Cependant, une grande partie des patients restent à risque pour le Covid-19. Les mesures barrières doivent être maintenues et la vaccination des proches de ces patients doit être encouragée. Nassim Kamar, MD, Ph.D.Florence Abravanel, Pharm.D. Ph.D.Olivier Marion, MDChloé Couat, M.Sc.Jacques Izopet, Pharm.D. Ph.D.Arnaud Del Bello, MDToulouse CHU, Toulouse, France [email protected] Les formulaires de divulgation fournis par les auteurs sont disponibles avec le texte intégral de cette lettre sur NEJM.org. Cette lettre a été publiée le 23 juin 2021 sur NEJM.org. 5 références

  1. 1. Boyarsky BJ, Werbel WA, Avery RK, et al. Réponse en anticorps à une série de vaccins à ARNm du SRAS-CoV-2 à 2 doses chez les receveurs de greffe d'organe solide. JAMA 2021;325 :2204-2206.
  2. 2. Marion O, Del Bello A, Abravanel F, et al. Sécurité et immunogénicité des vaccins à ARN messager anti-SARS-CoV-2 chez les receveurs de greffes d'organes solides. Ann Intern Med 2021 le 25 mai (Publication électronique avant impression).
  3. 3. Wadei HM, Gonwa TA, Leoni JC, Shah SZ, Aslam N, Speicher LL. Infection au COVID-19 chez les receveurs de greffe d'organe solide après la vaccination contre le SRAS-CoV-2. Am J Transplant 2021 le 23 avril (publié en ligne avant impression).
  4. 4. DGS-Urgent. Vaccins contre la Covid-19 : modalités d'administration des rappels. 2021 (https://www.mesvaccins.net/textes/dgs_urgent_n43_vaccination_modalites_d_administration_des_rappels.pdf).
  5. 5. Abravanel F, Miédouge M, Chapuy-Regaud S, Mansuy J-M, Izopet J. Performance clinique d'un test rapide comparé à un test en microplaque pour détecter les anticorps anti-SARS-CoV-2 totaux dirigés contre la protéine de pointe. J Clin Virol 2020;130 :104528-104528.