La mortalité et la maladie causées par Covid-19 sont à nouveau en augmentation constante. Au cours de la dernière semaine d'avril, plus de 93 000 personnes sont décédées, soit la pire de la deuxième vague mondiale. Comment cela peut-il encore se produire? Comment certains pays peuvent-ils encore connaître vague après vague d'infection alors que nous savons comment les prévenir?

© Fourni par The Guardian

Au cours des huit derniers mois, le Panel indépendant pour la préparation et la réponse en cas de pandémie a examiné rigoureusement les preuves de ce qui s'est passé pour permettre à Covid-19 de prendre fermement en main - et pourquoi. Le panel s'est entretenu avec des centaines d'experts et de personnes en première ligne de la réponse, et a mené des recherches originales approfondies et de nombreuses analyses de la littérature.

Notre rapport, publié aujourd'hui, est ferme mais juste dans son examen de la façon dont une série d'échecs a conduit à la plus grande catastrophe sanitaire, sociale et économique de mémoire d'homme. Le délai entre la notification d'un groupe de cas de pneumonie d'origine inconnue fin décembre 2019 et la déclaration d'une urgence de santé publique internationale a été trop long. Février 2020 a également été un «mois perdu» pour contenir la propagation du virus. Des actions rapides et cohérentes dès le départ auraient pu rendre notre monde très différent aujourd'hui.

Un banlieusard passe devant une peinture murale représentant des travailleurs de première ligne de Covid-19, Mumbai, Inde, janvier 2021.

Notre étude menée dans 28 pays sur une gamme de réponses nationales a montré qu'il y avait des dirigeants nationaux qui dévalorisaient la science, niaient la sévérité de Covid, retardaient les réponses et nourrissaient la méfiance des citoyens. Cela contrastait fortement avec les dirigeants qui, grâce à une approche pangouvernementale cohérente, assuraient la sécurité des citoyens et contenaient le virus. Ils ont montré ce qui aurait dû être fait partout - et ce qui peut encore être fait.

Aujourd'hui, nous sommes confrontés au virus et à ses variantes qui traversent des populations aux prises avec des mesures de santé publique insuffisantes, et avec le rythme irrationnel, inégal et lent de la distribution et de l'approvisionnement en vaccins. La situation en Inde est très préoccupante en raison des terribles souffrances et parce qu'elle démontre la grave menace que représente encore Covid-19.

Pour mettre fin à cette pandémie, les pays à revenu élevé disposant d'un pipeline de vaccins pour une couverture adéquate de leur population devraient, parallèlement à leur propre mise à l'échelle, s'engager immédiatement à fournir au moins aux 92 pays à revenu faible et intermédiaire de l'engagement de marché Covax Advance de Gavi 1 milliard de doses de vaccin d'ici septembre 2021 au plus tard, atteignant plus de 2 milliards de doses d'ici la mi-2022.

Les principaux pays producteurs et fabricants de vaccins devraient s'entendre sur des licences volontaires et des transferts de technologie au cours des trois prochains mois. L'Organisation mondiale du commerce (OMC) et l'Organisation mondiale de la santé (OMS) devraient convoquer les principaux acteurs dès qu'ils le peuvent, et s'ils ne peuvent s'entendre, une renonciation aux droits de propriété intellectuelle en vertu de l'Accord sur les aspects de la propriété intellectuelle qui touchent au commerce Les droits (voyages) devraient entrer en vigueur.

Simultanément, chaque gouvernement national doit mettre en œuvre des mesures de santé publique éprouvées pour arrêter la propagation du virus. Les montagnes russes des contrôles inégaux et la levée prématurée des restrictions ne fonctionnent pas.

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SUIVANT

Un nouveau pathogène avec un potentiel pandémique pourrait émerger à tout moment, et il n'y aura alors aucune excuse pour une approche «attentiste». Il faut investir dans la préparation maintenant, pas au moment de la prochaine crise.

Un nouveau pathogène à potentiel pandémique pourrait émerger à tout moment. Il n'y aura aucune excuse pour une approche «attentiste»

Le groupe propose des réformes audacieuses pour changer le système mondial de prévention et d'intervention en cas de pandémie afin d'empêcher les futures épidémies de devenir une nouvelle crise mondiale.

Le panel appelle à la création d'un nouveau conseil mondial sur les menaces pour la santé, créé par l'assemblée générale des Nations Unies et dirigé par les chefs d'État et de gouvernement. Il doit garantir un engagement politique en faveur de la préparation et de la riposte à une pandémie et demander des comptes aux parties prenantes.

Plus que cela, nous pensons que nous devons renforcer la responsabilité nationale et mondiale et une mise en œuvre efficace grâce à une convention-cadre sur la pandémie, qui devrait être négociée et convenue dans les six mois.

Nous recommandons que l'OMS mette en place un nouveau système de surveillance basé sur une transparence totale. L'OMS devrait avoir le pouvoir explicite de publier des informations sur les pandémies potentielles sans avoir besoin de l'autorisation des gouvernements concernés. L'OMS devrait également être habilitée à envoyer des experts pour enquêter sur les menaces de pandémie dans n'importe quel pays dans les plus brefs délais.

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L'OMS doit être renforcée et dotée d'une plus grande indépendance financière sur la base de ressources totalement non affectées et d'une augmentation des cotisations des États membres. Parmi les autres réformes de l'OMS, le poste de directeur général devrait être limité à un seul mandat de sept ans.

Il faut plus de financement. Une nouvelle facilité internationale de financement en cas de pandémie mobiliserait jusqu'à 10 milliards de dollars (7 milliards de livres sterling) chaque année pour la préparation, avec la possibilité de débourser de 50 à 100 milliards de dollars à court terme en cas de déclaration de pandémie.

Le panel - 13 experts ayant des connaissances en santé mondiale, politique et économie, et comprenant trois anciens chefs de gouvernement - n'a pas cherché à attribuer le blâme ou à pointer du doigt un pays ou une institution en particulier. Mais tout le monde doit maintenant appliquer ce que nous avons appris pour garantir que le monde ne souffre plus jamais de cette façon.

Les étagères des salles de stockage des Nations Unies et des capitales nationales sont bordées de rapports et d'examens largement ignorés des crises mondiales précédentes. Ce rapport ne peut pas être mis de côté. Il est temps de donner suite à ses recommandations sérieuses pour préparer le monde à empêcher qu’une épidémie ne se transforme en pandémie.

  • Helen Clark, ancienne première ministre de Nouvelle-Zélande, et Ellen Johnson Sirleaf, ancienne présidente du Libéria, sont coprésidentes du Groupe indépendant pour la préparation et la réponse aux pandémies.

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